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08/08/2022
Du 21ème jour de grossesse jusqu’au dernier instant de notre vie, notre cœur bat et s’adapte à son environnement intérieur et extérieur. Il nous permet de nous adapter à la température ambiante, accélère lorsque nous avons besoin de fournir un effort musculaire et ralentit après l’effort pour permettre au corps de récupérer. Pour assurer notre survie, le rythme de notre cœur varie et s’adapte.
Variabilité cardiaque
Cette variabilité de rythme est essentielle pour la santé, et pour s’adapter face au stress ; et c’est une capacité qui se réduit en cas de stress chronique, avec l’âge, le manque d’activité physique, la maladie … Cette irrégularité de rythme cardiaque, véritable capacité d’adaptation nécessaire à la survie et à la vie, est gérée et régulée de façon automatique par le système nerveux autonome : comme un système ou moteur à 2 vitesses : une pour accélérer avec le système sympathique qui prépare l’organisme à réagir à un danger ou mobiliser les muscles, et une pour freiner avec le système nerveux parasympathique permettant la récupération et l’apaisement.
Ces 2 parties s’activent en alternance selon les situations en vue d’arriver à un état d’équilibre appelé homéostasie.
(Source : https://www.espace-ressources-psychotherapie.com/coherence-cardiaque )
Il arrive que l’un ou l’autre de ces systèmes s’emballe et empêche un retour à l’équilibre amenant des réactions disproportionnées et un dérèglement du corps en lien avec la psyché : stress envahissant, état dépressif, trouble du sommeil…
La cohérence cardiaque va contribuer à rétablir un équilibre du système nerveux, et aider l’organisme à retrouver des capacités d’adaptation et de variabilité cardiaque nécessaire à cette adaptation.
Stress chronique
Alors qu’autrefois l’organisation de la vie en société était plus lente, avec des rituels permettant des pauses et des transitions, nous vivons une époque hypermoderne où, non seulement nous courrons après le temps, mais aussi nous sommes face à des facteurs de stress multipliés. Face à un stress devenu chronique, le retour à un équilibre salutaire ne se fait plus automatiquement. Il nous faut prendre en charge cette régulation en veillant à nos besoins, notre équilibre, à la gestion de nos émotions.
La cohérence cardiaque permet d’enclencher volontairement ce retour au calme. C’est un outil 100% physiologique permettant de réguler et d’apaiser les symptômes liés au stress, sans dépendance ni effets secondaires.
La cohérence cardiaque
Notre cœur accélère sur l’inspiration et stimule le système nerveux sympathique (accélérateur), il ralentit sur l’expiration et enclenche le système nerveux parasympathique (frein).
Il s’agit donc de respirer à l’équilibre :
inspirer sur 5 secondes,
expirer sur 5 secondes,
pendant 5 minutes.
Cela permet 6 cycles de respiration par minute, ainsi le rythme cardiaque et la respiration sont en synchronicité, le système nerveux se régule pour atteindre l’équilibre (homéostasie), le cœur retrouve une amplitude cardiaque supérieure et une capacité d’adaptation plus grande.
Au bout de quelques minutes donc :
- Le rythme cardiaque diminue
- La tension musculaire diminue
- Il y a un retour à la neutralité émotionnelle.
Au bout de quelques semaines de pratique régulière, d’autres effets positifs sont observés :
- Diminution de la tension artérielle
- Amélioration de la digestion
- Amélioration du sommeil.
Comme il est impossible de ne pas penser, focaliser sur la respiration en comptant jusqu’à 5 en inspirant puis jusqu’à 5 en expirant pendant 5 minutes permet de sortir des scénarios négatifs générant l’anxiété voire les crises de panique, de sortir des « pensées en boucle », et de se recentrer.
L’accompagnement en cohérence cardiaque en cabinet permet une pratique encouragée sur la durée (pour une efficacité durable) et un biofeedback extrêmement motivant à travers l’enregistrement des courbes cardiaques avec un logiciel de cardiofeedback.
La cohérence cardiaque est donc un outil parmi d’autres pour aider à la gestion du stress et des émotions, et aller vers un équilibre de Vie. Il a l’avantage d’être extrêmement simple, physiologique, efficace, sans effets secondaires négatifs, et praticable dans tous les lieux (même en conduisant !).
Il a l'inconvénient d'être si simple que l'on en oublie la pratique, si elle n'est pas ritualisée. A chacun ses rituels, au bon moment : l'accompagnement dans cette pratique permet de les trouver et de persévérer !
Source : Caroline Gormand, "La cohérence cardiaque - le guide pratique au quotidien", éditions Rustica, 2021
Pour en savoir plus :
+ d'infos sur le Cabinet de psychothérapie et de coaching familial
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01/02/2022
Vivre avec son temps
La bienveillance est la capacité de veiller au bien de soi et de l'autre à court et à long terme. Il est bienveillant de veiller à ce que l'enfant apprenne petit à petit à gérer son temps et à savoir s'adapter au "temps" qui fait lien social, qu'il apprenne petit à petit à savoir faire avec son temps intérieur et avec le temps extérieur. Pour cela, le parent est le premier exemple vivant : comment vit-il son rapport au temps ? Tendu comme un élastique prêt à craquer ? Pacifié ? "Je m'en-fout-tiste" ?
La bienveillance commence par prendre soin de soi. Le premier pas pour apprendre à son enfant à gérer le temps est de prendre le temps, en tant que parent, de prendre soin de soi, de se donner du temps, de prévoir des temps de relâchement de la pression. C'est le premier pas, et peut-être le plus difficile dans la vie de parent actif qui jongle entre le travail, les enfants, l'école, les activités, la vie de famille, les relations, le sport (parce qu'il faut prendre soin de son corps, non ?), etc...
Ajuster son tempo personnel, unique, qui ne peut être comparé à celui des autres (par exemple aux supers mamans et supers papas qui arrivent à tout concilier...), et ajuster son timing extérieur : emploi du temps, temps à passer à chaque chose, etc...
Le temps c'est de l'amour...
... chante Pascal Obispo dans "Lucie". Ainsi, en tant que parent, se donner du temps, c'est s'aimer ! Donner du temps à votre enfant, c'est montrer que vous l'aimez ! Nous vivons dans une société exigeante, et la plupart de parents d'aujourd'hui ont été éduqués au XXème siècle sous le règne de l'exigence : fais ça, sinon... ! Dépêche-toi, sinon ...! Le sinon est la porte ouverte à la violence verbale voire physique. Combien de parents aujourd'hui sont malheureux lorsqu'ils s'énervent au point de crier sur leurs enfants, ou de les taper. Leur recherche est surtout dans le comment, comment faire autrement ? Apprendre à nos enfants la vie sociale, le respect de certaines règles, sans en arriver à ces extrêmes qui sont devenus ordinaires ?
De l'exigence à l'attente
C'est là que le temps est l'ingrédient essentiel : donner du temps à l'enfant pour faire ce qu'on lui demande, par exemple en utilisant un timer ou un minuteur et décompter le temps : dans 10 minutes nous partons, dans 5 minutes, combien de temps reste-t-il au timer ? ...
De l'autre côté, comme le revers de la même pièce, il s'agit d'aider l'enfant à attendre, à gérer ses frustrations : introduire du temps en ne répondant pas tout de suite à ses demandes (ou exigences). Lorsque l'enfant est petit, le laisser attendre quelques secondes, quelques minutes, puis plus tard 5, 10 minutes : je viens t'aider lorsque j'ai fini ce que je suis en train de faire ... Apprendre à attendre, parents et enfants ! Sortir de l'intolérance à la frustration qui mène à l'énervement, parents (et oui ! L'exemplarité est le meilleur enseignement !) et enfants !
Un temps pour tout
Différents âges, différents besoins. Avant la marche, la posture du parent se doit d'être dans l'accueil inconditionnel, calé sur les besoins de l'enfant, tout en lui donnant un rythme au niveau des repas, du sommeil, dans une attitude maternante de proximité chaleureuse. Là, le tout-petit peut déjà apprendre à patienter quelques secondes avant de manger, le parent peut lui parler, lui expliquer que cela va venir, le temps de préparer le sein ou le biberon.
A partir de la marche, le petit enfant entre dans un stade pulsionnel, opposant, stade du "non" puis du "je", première individuation nécessaire, où il apprend à contrôler ses sphincters. C'est le temps des premières limites bienveillantes, bien dosées, en évitant les frustrations inutiles tout en l'aidant à traverser les autres. Le parent entre dans une dimension conditionnelle. Il s'agit de valider le fait que le petit enfant s'oppose, c'est nécessaire pour sa construction, sans le prendre en frontal : tu as le droit de dire non, et en même temps il faut quand même faire ce que je t'ai demandé ! Tu as le droit de tout vouloir, mais dans la vie on ne peut pas tout avoir ... Détourner l'attention peut aider, focaliser sur autre chose qui plait à l'enfant pour l'aider à passer l'obstacle sans rester bloquer. Utiliser le pouvoir de l'imagination est également utile : est ce que tu sais ce qu'il y a comme dessert après la soupe ? Une comporte de pomme, miam !! Allez, tu manges encore 3 cuillères et on passe à la compote.
L'enfant entre 3 et 12 ans est pleinement à l'âge d'apprendre à faire avec le désir de l'autre, et donc du parent. C'est ainsi, en se positionnant en tant que "bon objet" qu'il se construit de façon positive. Ainsi, il est important de pointer tout ce qu'il fait de bien chaque jour (et non ses bêtises, ou ce qu'il ne fait pas ! ) et de le féliciter ! C'est une grave erreur de croire qu'il est "normal" de bien se tenir et de ne faire des remarques seulement lorsque c'est négatif, c'est délétère pour l'estime de soi et met l'enfant en difficulté pour trouver une place suffisamment bonne et valorisante aux yeux du parent, avec le risque alors qu'il apprenne qu'il a plus d'attention lorsqu'il fait des bêtises, et un cercle vicieux se met en place. Piège dans lequel sont empêtrés beaucoup de parents. L'utilisation des sanctions positives aide à (re)trouver une logique positive : qu'est ce que l'enfant gagne lorsqu'il respecte les règles construites ensembles ?
L'adolescent se pose en s'opposant. Il a besoin de s'opposer à ce qui faisant son enfance, pour pouvoir prendre confiance, s'affirmer, se construire en vue de devenir Sujet. Là encore, il est important que le parent ne se butte pas contre l'opposition : tu as raison (de t'opposer) mais il faut quand même débarrasser la table avant le film de ce soir... C'est l'âge de co-construire les règles de vie, pour que l'ado y adhère un minimum, de fixer les sanctions positives et négatives, et d'avoir un seuil assez bas pour qu'il puisse les transgresser (s'opposer) sans que cela soit dramatique. c'est l'occasion d'expérimenter les conséquences connues à l'avance et de se confronter au principe de réalité.
Du "tout" au "pas tout" et "pas tout de suite"
Sortir de l'exigence c'est aussi passer du tout au "pas-tout". Pas demander à l'enfant, ado, de tout faire de façon parfaite, mais accepter ses erreurs, ses tâtonnements, qu'il fasse de façon suffisante. Lui faire grâce comme nous aimerions également que l'on nous fasse grâce à nous, parents. C'est une manière également de créer une dette bienveillante qui incitera l'ado / le futur adulte à respecter ses parents et à les considérer avec bienveillance plus tard.
Pour cela, parents, comment vous faites-vous grâce à vous-même lorsque vous faites des erreurs ? La bienveillance commence par soi !
Attention au burn-out parental !
La gestion du temps est pour beaucoup dans la pression vécue. Or le burn-out est en lien avec la pression interne (exigence perfectionnisme, culpabilité, peurs...) et la pression externe (très forte dans notre société occidentale, travail, budget serré, normes parentales élevées...). Pour éviter le burn-out, il s'agit de baisser cette ou ces pressions, internes et externes. Pour cela, un accompagnement en coaching est une grande aide, avant que la machine ne s'emballe avec des conséquences sur la santé qui peuvent être tragiques !
Des astuces pour éviter les "dépêche-toi"
Utiliser un timer, mettre le minuteur et prévenir à l'avance
Valider les sentiments de l'enfant, ses désirs, sans forcément y répondre
Parler de nos émotions, et notamment de notre tristesse, qui est une émotion qui rapproche (alors que la colère met à distance)
Jouer (jacques à dit mets ton bonnet), lancer un défi, utiliser l'humour
Attirer l'attention sur l'endroit où nous voulons aller
Aider l'enfant à trouver une solution
Dire "je commence à avancer, tu me rejoins..."
23/06/2021
Surprotection
La famille connaît des bouleversements de repères ces quarante dernières années, avec un soutien intergénérationnel qui s’est éloigné, des situations familiales où les parents sont plus seuls et isolés qu’autrefois. La famille nucléaire est la base dans les sociétés occidentales modernes, là où ailleurs, une communauté plus large prend en charge l’enfant. Un proverbe africain dit « il faut tout un village pour élever un enfant » ! Ce rétrécissement du réseau communautaire et familial fragilise l’éducation avec un risque plus élevé en cas de perte de ces figures parentales moins nombreuses.
De plus, les liens sont fragiles dans les couples et les familles, des liens moins durables qu’auparavant. Pour Philippe Scialom, psychologue , « le seul lien qui reste durable et sûr est celui qui relie l’enfant à sa mère », c’est pourquoi ce dernier est surinvesti. Le mouvement se fait donc vers la surprotection, pour contrebalancer « la fragilité du lien et l’angoisse de perte ». Ce mouvement favorise l’apparition de pathologies du lien ou pathologies de la dépendance, dominées par l’angoisse de séparation ou d’abandon, ce qui amène les parents à une difficulté à poser les limites, dans la crainte de faire souffrir l’enfant en le frustrant. Cela s’enracine dans une croyance qu’en mettant des limites, le « lien d’amour qui unit » risquerait d’être détérioré. De plus, la société aujourd’hui est plus exposée aux images de violence, de génocides, de traumatismes, qui favorisent l’anxiété et fragilise la confiance dans le lien humain qui n’est alors plus un appui stable, et favorisent également le mouvement vers la surprotection.
Des parents parfaits
Donald Winnicott , psychiatre des années 1980, parlait de "mère suffisamment bonne" pour son enfant, qui répondait à ses besoins lorsque son nouveau né les exprimait. Mais elle laissait le nouveau né s’exprimer (par ses pleurs qui sont un proto langage), ne répondait pas avant, n'anticipait pas tous ses besoins. Des parents parfaits sont des parents qui veulent être très bon, et non seulement suffisamment bons, faire tout pour que leur enfant aille bien, réussisse, ait tout ce qu’il lui faut, etc… c’est là qu’est le piège !
L'enfant se construit dans les manques, le manque suscite le désir (d’avancer, d’apprendre). L'enfant qui n'a aucun manque n'a plus de désir, d'élan intérieur qui le pousse. De plus, en tant que parent, c'est un fantasme de croire pouvoir tout maitriser, construire un homme comme on aimerait qu'il soit… mais les enfants ne sont pas les nôtres, Ils sont ceux que la vie nous confie pour les élever (au sens noble) et qu’ils nous dépassent.
Des parents suffisamment bons
Il s'agit d'être des parents suffisamment bons et donc suffisamment "c . ." ! Un parent parfait n'est pas dépassable, et l'enfant ne se sentira jamais "à la hauteur". A l'adolescence notamment, l'ado a besoin de pourvoir sortir du cercle familial, dépasser ses parents, construire sa propre vie. Comment se poser en s’opposant avec de tels parents ? être assez parfaits pour eux ? les décevoir après tout ce qu’ils ont fait pour moi ? De même, des parents qui se sont sacrifiés pour leur enfant créent une dette impossible à rembourser, ce qui maintient l'ado ou le jeune adulte dans une culpabilité écrasante, et dans une loyauté enfermante.
Comment en sortir ?
Quelles sont les racines à la surprotection ou au désir d'être un parent parfait ? La peur, la culpabilité, la volonté de tout maîtriser, le fait que le parent n'ait pas d'autre désir que dans son enfant ... Il s'agit d'aider les parents à régler leur seuil d'alerte à ce qui pourrait advenir : si leur seuil pour réagir à une souffrance de l’enfant est réglé trop bas, le risque est la surprotection et l’anticipation excessive qui amènerait une dépendance et empêcherait l’enfant de développer ses propres défenses ; si le seuil est trop élevé, cela mènerait à une conduite abandonnique aussi catastrophique . Une deuxième étape est de favoriser les différenciations : différencier amour et éducation, souvent confuses du fait de la peur des parents que leur enfant souffre ; différencier également en séparant psychiquement l’enfant de ses parents : se séparer c'est grandir ! (grandir pour l'enfant et pour le parent). Pour cela le tiers qu'est la crèche, l'école, les activités sportives ... aide.
Il s'agit de saisir les occasions de se séparer, d'aller vers l'autonomie. Ce sont aussi des lieux de résilience, où l'enfant apprend à se fortifier. Cela revient à ne pas enlever les cailloux de leur chemin (sans pour autant en rajouter).
Expliquer la nuance entre des parents trop bons et des parents suffisamment bons (et donc suffisamment décevant) aide à sortir de la culpabilité et à s’approprier alors le tâtonnement nécessaire à l’éducation d’un enfant, de reprendre confiance en ses compétences de parents et dans les compétences de son enfant à se développer. Dans des situations où l’enfant a un trouble, ce dernier peut être amplifié par l’anxiété des parents ; un coaching parental peut alors aider alors les parents à trouver la bonne distance, suffisamment rassurante, encourageante, tout en n’empiétant pas sur la nécessaire prise d’autonomie de l’enfant à gérer ou compenser son trouble. Le parent apprend alors à confronter son enfant à la réalité, à le laisser prendre plus de risques ce qui augmente sa résilience .
Bienveillance
La bienveillance c'est veiller au bien de soi d’abord et de l’autre ensuite, à court et à long terme. L'enfant apprend (et doit apprendre) à faire avec le désir de l’autre, enjeu de cette période de l’enfance, apprentissage du lien social. Etre un parent bienveillant c'est veiller au bien de soi et de l’enfant à court et à long terme. Pour cela, mettre des limites, un cadre, est sécurisant et contenant. L'autorité bienveillante permet de passer d’une logique du tout ou rien à une logique du « pas-tout ».
Faire des différences
Chercher à être un parent parfait peut amener à ne pas vouloir faire de différence entre ses enfants. C'est un autre piège. Vouloir faire du même crée de la violence, car c'est nier les différence de l'enfant. Ainsi il ne s'agit pas d'être dans une logique égalitaire, mais dans une justice ajustée, équitable, avec du même et du différent (à chacun selon ses besoins). Ainsi, face à un problème de jalousie, il s'agit de faire plus de différence entre les enfants, ce qui les amènera à apprendre ainsi à faire avec la différence : ils se sentiront alors respectés en tant que sujet. Il est également aidant de donner plus de responsabilité à l'ainé, et ainsi de marquer une différence.
Entre autres sources : Philippe Scialom (2006) : piège à parents
13/04/2021
Faut-il tout dire ?
En tant que parent, il s'agit d'être bientraitant avec nos enfants, c'est à dire être bienveillant en tenant compte de leur vulnérabilité en fonction de leur âge. La bienveillance implique le bien dire, et pas à n'importe quel moment. Parfois, il peut être bientraitant de ne pas tout dire, parfois pas ! De même, surprotéger l'autre n'est pas non plus une bonne idée ! La posture à adopter est donc tout en finesse, sans généralité. On peut donc tout dire, ce qui est possible d'être entendu, à condition de bien le dire et au bon moment.
Le bien dire ne signifie pas dire le Bien (ce qui serait bien ou mal pour l'autre), mais bien dire à celui qui peut entendre. De même, il y a une pudeur nécessaire à avoir, il ne s'agit pas d'être dans la nudité ! Par exemple, il y a des choses que l'enfant n'a pas besoin de savoir, comme des conflits conjugaux et de la jouissance entre les parents : on ne les met donc pas en scène devant lui! Assister aux conflits conjugaux peut être très anxiogène pour l'enfant. Il y a ce qui concerne les adultes et ce qui concerne les enfants. Il ne s'agit pas d'être intrusif devant l'intimité de l'autre. (ce qui est vrai aussi dans le couple)
On peut tout dire ce qui les concerne.
Ce que l'enfant peut entendre
L'âge et la maturité de l'enfant entrent en jeu, bien sûr, pour déterminer ce qu'il sera en capacité d'entendre et de comprendre pour que ce soit positif pour lui. Ainsi, par exemple, un enfant de moins de 4 ans ne peut pas vraiment saisir ce que vit l'autre. C'est à cette période que se mettent en place les neurones miroir, la fonction symbolique, et le début de la capacité d'empathie. L'enfant acquière un bon niveau de raisonnement et d'abstraction vers 7 ans, l'âge de raison. C'est pourquoi il est des vérités qui ont besoin d'attendre cette maturité de compréhension pour être dites. Par exemple, dans le cas d'une adoption, dire trop tôt peut entraver la construction du lien d'attachement en l'insécurisant avec la peur de l'abandon. S'il est possible d'attendre cet âge de raison vers 7 ans pour en parler à l'enfant, c'est mieux : l'attachement aura pu se faire de façon sécure, et l'enfant comprendra mieux son histoire. De même, on ne dit pas à un enfant de 3 ans que papy est "au ciel": à cet âge là, l'enfant n'a pas encore accès au symbolique, il ne peut pas comprendre ce qui veut être dit.
Par rapport à la mort
Pour la mort d'un proche, souvent un enfant ne pleure pas, et c'est normal. Même entre 6 et 12 ans. Ils soutiennent leurs parents. Souvent ce sont nous adultes, qui projetons nos souffrances sur les enfants. Il faut que l'enfant vive sans avoir conscience de la mort, oublier qu'on est mortel, sinon cela crée une angoisse forte, pouvant amener à développer par exemple des TOC, rituels de protection pour faire baisser l'angoisse de mort, pour que sa mère ou ses parents ne meurent pas. Il faut donc éviter une effraction de la mort avec les enfants petits, ce qui casserait l'insouciance de l'enfance. Que leur dire alors ? Parfois nommer la mort doit se faire, alors cette formule est aidante : l'important est que tu sois vivant, que je sois vivant, et maintenant on joue ! Si l'adulte est calé avec cela, l'enfant ne sera pas traumatisé. Le jeu permet à l'enfant de symboliser les circonstances, c'est thérapeutique pour lui. S'il joue, c'est qu'il n'est pas traumatisé et qu'il se construit correctement !
Pour l'ado confronté à la mort, il est important qu'il ait un projet, de l'aider à avoir un projet. Alors il sera occupé par son projet et non plus préoccupé par la mort.
Ce que l'enfant / l'ado ne dit pas
Les enfants et les ados sont les 1ers à ne pas tout dire. Parfois, l'enfant ne dit pas pour protéger ses parents, il refoule alors ce qu'il ne dit pas, et cela peut se dire ensuite sous forme de symptôme. Parfois l'enfant / l'ado n'ose pas dire parce qu'il perçoit ses parents comme pas assez costauds pour entendre, ou parce qu'il n'est pas sûr que cela puisse être entendu correctement, sans jugement (notamment pour les ados). Ce qui n'est pas dit s'exprime de manière symptomatique, comme un retour du refoulé qui s'impose pour pouvoir guérir. Il s'agit alors d'entendre ce que l'enfant / l'ado ne peut pas dire et qui s'exprime sous forme de mal au ventre, anorexie, opposition, etc... Chercher à comprendre est au cœur de la bienveillance. Pour les parents, être attentifs et vigilants aux petits symptômes est important, de même qu'intervenir le plus tôt possible, c'est toujours une parole empêchée.
Il est donc important que les choses puissent se dire, pour ne pas aller se dire de façon symptomatique.
De génération en génération ?
Parfois un mal-entendu (ou un secret) crée un malentendu qui se transmet de génération en génération. Il s'agit d'une communication inconsciente, en creux, comme un moule de santon, contenant sans contenu mais qui se transmet quand même : quand je vois le moule de santon en creux, je peux deviner de quoi il s'agit. Dans ce que je ne dit pas, l'autre entend ce qui n'est pas dit. le secret modifie le comportement de celui qui le porte, comme s'il mettait tout autour quelque chose pour l'éviter (comme le moule). Ce secret s'exprime aussi chez celui qui le porte comme un symptôme, qui se transmet à la génération d'après. Pour sortir de la répétition, il s'agit de sortir du secret, cela peut être nécessaire voire indispensable d'avoir l'aide d'un tiers (psy).
En résumé
Donc, on ne peut pas tout dire aux enfants à n'importe quel moment. On peut tout dire ce qui les concerne, à condition de bien le dire, de manière bienveillante quand ils sont prêts à l'entendre. La Parole libère, mais il y a des conditions à cela : il ne s'agit pas de bavardage, de nudité, mais de parole posée, bien dite, qui a un effet. Si on ne dit pas de façon correcte, cela peut être traumatique! De même, la parole libère celui qui parle, mais pas forcément celui qui entend, s'il n'est pas prêt à entendre! Dire un secret se réfléchit, se mature, se prépare (avec l'aide un tiers, ça peut aider). Il s'agit d'être bienveillant, donc de tenir compte de soi ET de l'autre. Sinon, les dégâts peuvent être dramatiques, dans la relation, dans les familles, avec une culpabilité qui peut détruire soi et l'autre.
Des confidences
Quant aux confidences, attention, chacun sa place ! L'enfant n'est pas là pour porter son parent ou l'aider, ce n'est pas son rôle! De même, lui confier un secret à ne pas divulguer par exemple à l'autre parent est très délétère, et le place en conflit de loyauté qui créera automatiquement de la souffrance.
02/03/2021
Les progrès des techniques non invasives d'observation du cerveau comme l'IRM et IRM fonctionnel, ont permis de confirmer que le cerveau adolescent n'est pas un cerveau adulte en miniature ! Il possède des spécificités anatomiques et fonctionnelles marquées : en gros, le cerveau vit une très forte restructuration et réorganisation entre la puberté et 25 ans.
A la pré-puberté :
C'est un processus qui débute à la pré-puberté. En 1999, une recherche sur une multitude d'enfants du même âge suivis au cours de leur croissance montre qu'à la pré-puberté, le volume des lobes frontaux (devant) et pariétaux (au dessus) augmente, pour culminer vers 10 ans chez les filles et 12 ans chez les garçons. Depuis, de nombreuses autres études ont montré que le volume de matière grise augmente, avec une forte croissance des connexions entre les neurones (via les synapses qui servent à la communication entre les neurones).
Pour rappel, on distingue dans le système nerveux la substance (ou matière) grise et la substance blanche. La première est formée des corps cellulaires des neurones, des dendrites et des axones non myélinisés. La seconde est constituée essentiellement d'axones myélinisés – la myéline étant une sorte de gaine entourant les axones et accélérant la transmission de l’influx nerveux. La substance grise est principalement située, au niveau du système nerveux central, dans le cortex et les noyaux gris centraux. La substance blanche occupe le reste de l’espace cérébral : elle relie les différents aires et noyaux constitutifs de la substance grise et assure la circulation de l’information entre les centres cérébraux.
A partir de la puberté :
A partir de la puberté et jusqu'à 23/25 ans, on constate une destruction massive de synapses au sein des différentes aires cérébrales, ce qui entraîne une forte réduction du volume de substance grise. Il s'agit d'élagage synaptique, les synapses servant à transmettre les messages entre les neurones dans le système nerveux. L'élagage, comme la taille des arbres, consiste à couper et réduire des ramifications trop nombreuses et inutiles. Ainsi, les connexions synaptiques les plus sollicitées sont conservées ; celles qui servent peu ou pas sont éliminées . L’élagage aboutit à simplifier localement l’organisation synaptique, avec un gain d’efficacité du fonctionnement cérébral. On parle parfois de "perdre des neurones", c'est ce qui se passe pendant cet élagage, mais cela ne rend pas "plus bête" comme on l'entend parfois, en fait, le cerveau se spécialise dans des connections moins nombreuses mais plus efficaces. L'élagage est étroitement associé à la phase d'apprentissage et au développement neurocognitif.
D'autre part, la substance blanche connaît un fort développement dans le cerveau à l'adolescence (croissance qui continue de façon linéaire jusque vers 40 ans). Cela accroit la connectivité et la synergie entre les différentes aires cérébrales. Ainsi l'adolescent mobilise des circuits cérébraux plus localisés alors que l'adulte mobilise simultanément des régions dispersées.
Donc, l'élagage synaptique s'accompagne d'une synergie et d'une connectivité plus forte, et permet au cerveau, à travers l'interaction avec l'environnement, de se spécialiser.
Mais cet élagage ne se fait pas de façon synchronisée dans toutes les parties du cerveau.
- Les régions préfrontales connaissent les plus importantes modifications à l'adolescence. Elles sont impliquées dans les tâches de haut niveau appelées fonctions exécutives : elles sont essentielles pour la régulation du comportement face à des contextes complexes ou nouveaux. Les principales fonctions exécutives sont la flexibilité mentale, la planification, le contrôle et la régulation de l'action (la capacité à intégrer de l'information nouvelle pour mettre à jour de la mémoire de travail et la capacité d’inhibition c'est à dire se retenir). Le cortex préfrontal n'achève sa maturation que vers 23/25 ans.
- le système limbique a une maturation plus rapide : Il intervient dans la dynamique et le contrôle du comportement des émotions (plaisir, peur, agressivité). Il participe aussi au circuit du plaisir (système de récompense). On le désigne souvent comme le cerveau émotionnel; il joue aussi un rôle majeur dans les apprentissages et la mémoire.
Ce déséquilibre de maturation entre le cortex préfrontal (système de contrôle) d'une part et le système limbique et le circuit de la récompense (centre émotionnel) d'autre part est une des principales hypothèses des neuroscientifiques pour expliquer les comportements adolescents. Ils rechercheraient la nouveauté-plaisir malgré un danger potentiel fort, du fait d'un système de récompense fort, d'un système d'évitement de la douleur faible, et d'un système de supervision inefficace.
Un autre point de vue voit au contraire les comportements exploratoires de l'adolescent comme nécessaires car contribuant à organiser la sélection des comportements et intérêts et donc peut-être des connexions qui seront conservées.
L'adolescence peut être vue du point de vue de la déficience : moins de contrôle émotionnel, mais aussi de façon plus positive : l'adolescent est capable d'une forme de créativité et d'adaptabilité que ne possède pas l'adulte !
Des questions :
le fait que les plus grands risques sont pris en présence des pairs n'a pas encore trouvé d'explications neurobiologiques satisfaisantes. Alors que vers 16 ans, la plupart des ados sont capables de raisonner abstraitement, d'évaluer le sens et la conséquence des actes à froid, lors de tensions émotionnelles ou d'influence des pairs ce n'est plus le cas ! C'est un des sujets actuels de recherche en neurosciences, sans hypothèses explicatives satisfaisantes pour le moment.
Parallèle avec la petite enfance :
Ce processus de fortes créations de connexions synaptiques suivi d'un élagage est bien connu chez le bébé, chez qui il aboutit, au début de l'enfance à une première organisation fonctionnelle du cerveau. Ce qui est nouveau, c'est la découverte que ce remodelage se reproduit à l'adolescence. Ainsi le cerveau se réorganise à cette période en fonction de nouvelles contraintes comme la maturité sexuelle et les nouvelles règles sociales via l'interaction avec l'environnement. C'est donc vraiment une période de transition entre l'enfance et l'âge adulte, au niveau du cerveau aussi. cette proximité de l'adolescent avec le bébé est intéressante, et permet de comprendre l'adolescent opposant mais fragile, dépendant mais aussi plein de potentialités de changements (avec aussi les risques qu'ils peuvent contenir du fait de la fragilité).
C'est également intéressant, car si ce processus de reproduit à l'adolescence, il est aussi capable de se répéter à d'autres moments clés de l'existence, lors de changements internes et externes majeurs.
L'adolescence s'arrête-t-elle à 18 ans ?
Ces découvertes montrent que le cerveau devient mature, adulte autour de 23/25 ans. Comment penser et nommer alors cette période entre 18 et 25 ans ? L'EmètAnalyse la nomme Adulescence, période de 18 ans à environ 25 ans où le jeune s'appose à ses parents (contrairement à l'adolescent qui se pose en s'opposant). Cela le temps de continuer d'acquérir son indépendance affective et financière, pour devenir adulte, et si possible Sujet : savoir se soutenir de son désir tout en tenant compte de l'autre.
Quelques sources , pour aller + loin :
Dayan, J., & Guillery-Girard, B. (2011). Conduites adolescentes et développement cérébral : Psychanalyse et neurosciences. Adolescence, 77(3), 479. https://doi.org/10.3917/ado.077.0479
Georgieff, N. (2013). L’adolescence à l’épreuve de la neurobiologie ? Adolescence, T.31 1(1), 185. https://doi.org/10.3917/ado.083.0185
Neurosciences et responsabilité de l'enfant : http://www.senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/opecst/quatre_pages/OPECST_2019_0090_note_neursociences.pdf